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À la rescousse de la Ceinture Verte

La Savante folle en vert avec une pancarte de son cru, dessinée à la main. Il y a un verso en français de l'autre côté.

La Savante folle à la rescousse de la Ceinture Verte (La Greenbelt), cette bande de terre agricoles, de forêt naturelle, de rivières et de terres humides qui entoure la grande région de Toronto! Le gouvernement Ford veut laisser des promoteurs faire main basse sur des terres agricoles qui seront perdues sous les bungalows de l’étalement urbain.

La manifestation s’est déroulée au centre-ville de Toronto, ce qui a obligé la Savante folle à une heure et demie de transit depuis Mississauga. (Ce qui lui permit de s’émerveiller des changement, car le terminus d’autobus GO super-dangereux et pas facile d’accès a été déplacé dans un lieu plus sécuritaire, lié à la station Union.)

C’était la première manifestation de la Savante folle depuis des années, la dernière étant sous le gouvernement Harper pour protéger la Science et les Lacs Expérimentaux en 2012, et longtemps avant à Montréal, pour protéger Radio-Canada.

Un manifestant avec une belle pancarte

Nous étions environ 300 à piqueter devant l’hotel Sheraton sur Queen, où se tenait un réunion de politiciens municipaux de la région. Plusieurs de ces villes seraient négativement affectées par cette décision de serrer la ceinture verte. Les manifestants au-dessus et dessous m’ont donné la permission de partager leurs visages et leurs pancartes.

Deux grands-mères fières!

Et la solution au problème de manque de logement n’est pas un choix binaire entre couper des forêts ou laisser des gens sans logis. Car qui dit étalement urbain dit plus d’autoroutes pour s’y rendre, plus de développement de maisons unifamiliales reliées au réseau d’aqueduc, plus d’eaux usées, et des banlieues qui dévorent l’espace. Car qui dit que le ou la successeur-e de M. Ford ne va pas aussi gruger dans la même ceinture?

Ci-dessous, The Green Belt Giant, une caricature géniale de Graeme McKay mise en panneau.

The Green Belt Giant, une caricature géniale de McKay

L’étalement de banlieues n’est pas une solution viable à long terme. D’autres façons de vivre en harmonie avec le milieu naturel existent. Des expérimentations urbaines intègrent des habitations plus écologiques, où les gens vivent plus proches les uns des autres avec des services essentiels à distance de marche. Je réitère ici l’importance, capitale pour moi, de conserver nos ressources agricoles près de nous, plutôt que de devoir importer toute notre nourriture!

Et dans la ville même? D’immenses vides sont laissé par des usines déménagées et des centres d’achats abandonnés, que je vois quand je prends le train. Beaucoup de spéculateurs achètent des maisons qu’ils laissent vides pour des mois ou des années avant de les revendre. Beaucoup de maisons du centre-ville se détériorent.

Un exemple de maison abandonnée depuis au moins un an, en plein centre-ville. Évidemment, la spéculation les a rendu hors de prix. pour les Torontois..

Ci-dessus, deux maisons abandonnées depuis au moins un an, que j’ai photographiées, en plein centre-ville. Celle de droite est une catastrophe qui attend depuis X années le pic des démolisseurs. Celle de gauche est passable. Évidemment, la spéculation les a rendues hors de prix pour les Torontois moyens…

Michèle tenant le côté en français de sa pancarte.

Michèle tenant le côté en français de sa pancarte.

Cette pancarte de mon cru, dessinée le matin même, a attiré les médias. Ce qui a permis à la Savante folle de donner deux entrevue-minutes à Radio-Canada! La gentille dame du réseau anglais de CBC a capté les explications (forcément courtes!) dans les deux langues, pour les collègues du réseau français. Ce qui a permis, je l’apprendrais plus tard, de diffuser mes quelques mots aux bulletins radiophoniques et télévisuels de Radio-Canada, à la grandeur du pays!

Bref, la manifestation s’est bien déroulée, plusieurs maires et conseillers municipaux ont pris la parole pour dénoncer le projet de loi 23 qui charcuterait un morceau de la Greenbelt, ainsi que Mike Schreiner, le seul élu du Parti vert de l’Ontario.

Enfin, après que tout le monde se soit dispersé, ce déplacement en ville m’a aussi permis de déposer mes BD de Mistress of the Winds à la Librairie The Beguiling, qui fait une belle place aux BD indépendantes. Merci donc!

Mistress of the Winds,  Librairie The Beguiling, 319 College st. Toronto.

Grandeurs et misères de la table de dédicaces – 103

Michèle devenue célèbre (enfin!) récolte le fruits de ses labeurs
L'auteure en a bavé pendant des années pour arriver à son succès, mais son bon papa n'est plus là pour l'apprécier !

Cette BD est un hommage à mon père, Jacques Laframboise, qui nous a malheureusement quitté le 8 novembre 2014, au petit matin. Papa m’a toujours encouragée dans ce que je faisais, et a soutenu mes sœurs dans leurs projets. Hélas, il ne verra pas le résultat de ses bienveillants efforts.

Cette 103e page des Grandeurs et misères de la table de dédicaces lui est dédiée, avec gratitude.

Œuvrer au fond d’un trou

C’est un secret mal gardé dans le monde des artistes et des écrivains que certains récoltent la gloire dès leur première oeuvre et accèdent au statut d’incontournable, tandis que d’autres, ben… Je me souviens encore de la foule de journalistes qui s’est retirée quand mon tour était venu de parler en public, juste après une adolescente de 14 ans qui avait commis son premier roman. Oui, j’avais éprouvé une sensation de vide en dedans.

Je ne souhaite à personne de travailler sans reconnaissance. Comme m’avait dit un jour Jim Corcoran: « je suis dans le relève depuis 30 ans ». J’envie toujours les auteurs comme Michel Rabagliati qui a eu une audience large et immédiate du premier coup. Incontournable. Pianissimo, mon meilleur album de BD à l’époque, était passé dans le beurre.

Je travaille au fond d’un trou médiatique depuis plus de trente ans.* Auteure invisible et contournée. Pas d’invitation à participer à des collectifs de BD. Refus multiples. Pas d’articles dans la presse, même quand je suis finaliste au prix du GG et au prix Trillium (j’ai eu une entrevue comme finaliste, mais seule celle du récipiendaire a été publiée). Il faut dire que la science fiction était encore mal acceptée voici dix ans. Aujourd’hui la SF est mieux acceptée, mais ce sont les nouveaux auteurs qui en bénéficient.

Pour une grande partie de ces années, j’avais le soutien indéfectible de mes parents. Mon père savait trouver les bons mots pour m’aider à redevenir sereine, et à persévérer.

Une ou deux rares fois, un événement me ramenait au niveau du sol, puis je replonge. Ce n’est pas la gloire qui me manque, mais la joie de pouvoir partager mes histoires avec un grand nombre de personnes.

Le désavantage de l’artiste qui vieillit…

Puis, j’ai perdu mon père et grand fan. J’avais un peu honte de n’avoir pas fait de brillante carrière en ingénierie comme lui, mais finalement, je me suis rendue compte qu’il m’a toujours considérée comme égale en science.

Là, ça s’est dépeuplé autour de moi, et ma bonne maman, qui m’a aussi encouragée, lit moins qu’avant à cause du grand âge. Il reste mes sœurs et les plus jeunes dans la famille élargie, et mon mari et fan numéro un. Mes grands-parents? Je les ai eus très longtemps, une grande chance, mais eux aussi se sont envolés, et ne verront pas le fruit de leurs encouragements.

Presque tous mes profs du secondaire ne sont plus parmi nous. J’ai perdu un grand ami, prof de géographie et fan, l’an dernier, à 94 ans.

Ça vous dit l’âge de mon corps, ce que certains collègues me rappellent, soit par des commentaires sur mon apparence, soit par omission, comme dans cette circonstance. Ça vous dit que mon indice de « décolleté » baisse avec le temps. Je sais qu’aucun éditeur européen ne m’engagerait à mon âge pour dessiner une série à succès. Et même si j’étais cute, je m’en méfierais, avec toutes les occurrences de harcèlement des auteures de BD.

Mais qui récolte un brin de sérénité

Depuis que j’ai lancé ma propre maison d’édition, je ne suis plus à la remorque d’éditeurs de BD. Développer et contrôler toutes les étapes d’un projet me libère, même si mes livres surnagent dans un mer de publications.

Mais désormais, je suis contente pour les collègues qui obtiennent leur portion de couverture médiatique et récoltent la gloire dans la vingtaine, la trentaine… parce que ceux et celles qui ont toujours cru en leurs capacités, les professeurs, les parents et grands-parents, sont encore là pour partager leur fierté!


* 1991, pour être précise.

Ça fait si longtemps… (que j’ai publié une BD!)

La BD a été mon premier amour avant que je décide de raconter avec des mots des histoires trop longues à dessiner. Mais c’est un besoin de l’âme qui revient me frapper comme un boomerang alors que les années roulent sans s’arrêter.

Je peux annoncer fièrement la naissance de mon nouvel album de BD :  Maîtresse des vents, une BD de 92 pages chez Échofictions, qui explore mon univers de science fiction. La couverture a été mise en couleurs par mon talentueux collègue Frank Fournier. Je suis reconnaissante à mon confrère et coloriste Frank Fournier, qui a aussi conçu la police de caractères utilisée dans ces pages. (L’image ci-dessus est un mock-up car j’attends mes exemplaires papier.)

J’émerge d’un fouillis d’activités et d’événements (dont le FBDM à Montréal où j’ai rencontré des collègues épatant-e-s,) et la complexité de monter un album de BD complet dans Vellum.

Maîtresse des vents provient de mon amour pour les cerfs-volants, un sport que je pratique moins souvent maintenant, et de ma série de science fiction commencée avec La quête de Chaaas, qui suit un adolescent impulsif dans une civilisation de super-jardiniers.

Couverture des Vents de Tammerlan,
(Médiaspaul, 2008) la série la Quête de Chaaas

Dans le deuxième roman, Les vents de Tammerlan qui se déroule sur une planète-océan, on fait connaissance avec une Adalou adulte, une guide de cerf-volant qui possède une grande maîtrise de son art, et enseignait à des élèves. J’ai voulu explorer sa jeunesse dans cette bande dessinée, laquelle me permettait aussi d’explorer le monde que je mettrais en vedette dans le cinquième livre de la série, qui se déroule sur la planète natale d’Adalou.

Ça faisait longtemps, très longtemps que j’ai publié un album de BD. Le plaisir de dessiner a été tel que j’ai ajouté des croquis et des pages fraîches pour enrichir l’histoire.

Pour vous mettre en appétit, voici une page finie.

La page, terminée et mise en tons de gris!

Pour vous procurer l’album, en version électronique ou papier, allez voir la liste des plateformes.

Détails pratiques:

Dimensions: 5.25 x 8 po (un petit format!)

Couverture couleur, pages intérieures en tons de gris

Prix: 14.95 cdn.

92 pages

Ages: tous âges

Pour se le procurer: https://books2read.com/vents

Arc-en-ciel de brume

 

EnCourant2

En courant très tôt dans la campagne le 11  août dernier, j’ai eu la chance d’observer ce curieux phénomène météorologique.

Je courais sur une petite route, faisant des circuits de 3 km. Des nappes de brume matinale flottaient au-dessus des champs de foin, un grand espace dégagé.  Puis le soleil s’est levé, et en lui tournant le dos, j’ai eu cette merveilleuse surprise! Lire la suite

Il pleut…

 

Il pleut des contrats

…des contrats!

Que la savante folle signe et honore, d’où retard de production de gags sur ce blogue!

Grandeurs et misères de la table de dédicace – 97

Écrivaine tiraillée entre le roman à finir et l'appel du jardin...

L’été qui arrive me pousse au jardinage plus qu’à l’écriture…

Ou au dessin!

42,2

Un premier marathon n'a pas l'air compliqué: au fond, c'est deux demi-marathons bout à bout! J'étais bien entraînée et le premier 21 km a super bien été! C'est au 26e kilomètre que la sauce s'est gâtée! Les jambes ont protesté, et plus loin, le lac Ontario a soufflé sur les coureurs un vent froid et pluvieux ! ON ne rigole pas avec le lac Ontario.

La savante folle finira-t-elle son premier marathon ou sera-t-elle congelée avant?

À suiiiivre!

Un premier marathon n’a pas l’air compliqué: au fond, c’est deux demi-marathons bout à bout! J’étais bien entraînée et le premier 21 km a super bien été! C’est au 26e kilomètre que la sauce s’est gâtée! Les jambes ont protesté, et plus loin, le lac Ontario a soufflé sur les coureurs un vent froid et pluvieux.

On ne rigole pas avec le Lac Ontario….

(Et quelque part parmi les coureurs se cache un personnage de la BD de science-fiction  Le poids du vide de David Gauthier. Le trouverez-vous? )

Les « pace bunnies » sont des bons coureurs qui assurent un rythme régulier, afin qu’on ne s’épuise pas avant la fin.

Il y avait 900 coureurs et coureuses au départ du marathon, et le double au demi marathon. Mes scènes de foule laissent un peu à désirer…

Mon premier marathon

94 ExtraitMarathon

 

Un marathon c’est comme deux demi-marathons bout à bout. Dimanche dernier, j’ai couru mon premier marathon. 42,2 km.

La première moitié de 21,1 km a été suuuperfacile, record battu, 2h20. C’est après le km 26 que ça c’est gâté…

Le reste de cette BD arrivera – si tout va bien –  après mon retour du Salon du livre du Grand Sudbury!

Grandeurs et misères des courses à pied

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Une hypothèse derrière cette attaque digne du film Les Oiseaux de Hitchcock: je portais une calotte noire et des gants noirs aussi.

C’était la course en hommage à Terry Fox, 18 kilomètres bien sentis!

 

Grandeurs et misères de la table de dédicaces – 93

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93Entrainement

 

Mon entraînement  sévère limite mon énergie pour d’autres projets.

Le marathon de Mississauga est dans trois semaines…

Grandeurs et misères de la table de dédicaces – 92

92CeQuiNousDemolit

 

Des réactions aux attentats de Bruxelles sur  les médias sociaux qui de blâme en blâme s’enveniment et ne résolvent rien. Et quelle joie féroce quand certaines hypothèses renforcent nos préjugés!

Hélas, Facebook est un exutoire trop facile, et contrairement à ce qu’on peut « ventiler » dans notre salon avec des copains, l’auditoire est la planète entière. Ce qui nous démolit à petit feu.

Lors de ma rencontre en Orégon avec des écrivains pros, une directive importante (avec celles en cas de tremblement de terre et de tsunami) était « Don’t discuss politics! » Plusieurs de mes consœurs et confrères professionnels ont choisi de ne plus intervenir sur Internet dans les débats trop « à fleur de peau » (et en plus, aux USA, ils sont en élections!) car ils et elles y ont perdu trop d’amis.

J’aurais moi aussi beaucoup de réflexions à partager sur les origines du fléau du terrorisme, et sur le conditionnement mental qu’on appelle aujourd’hui « radicalisation ». Les prisons mentales poussent partout, même chez les jeunes éduqués ou riches (Patty Hearst, quelqu’un?)

Au début, ça ne prend qu’une petite graine de frustration, nourrie par l’engrais du préjugé. Avec le temps, la prison mentale produit ses fleurs du mal, des fruits de haine sucrée  qui procurent un hit de jouissance mentale, un gonflage d’ego aux stéroïdes de la « bonne » cause.

Je pourrais aussi parler des empoisonneurs de sources médiatiques qui sèment à tout vent des graines de colère. Qui appellent à mots couverts au lynchage d’une communauté ou d’une ethnie simplement parce que des assassins obscurantistes y auraient été recrutés.

Je pourrais vous parler des fabricants d’armes lourdes qui font des affaires d’or, tant avec les États qui veulent se protéger qu’avec les groupes terroristes.

Je suis passée proche de ne pas mettre de nombre devant cette BD hebdomadaire sur les tables de dédicaces. Mais les enjeux concernent tous les auteurs. J’ai entendu les pires insultes cette semaine, et plusieurs de mes amis sur Facebook ont laissé leur réserve au vestiaire.

Nous, les créateurs et créatrices de BD, magiciens d’images, quelle que soit la taille de notre public, avons la responsabilité de ne pas enflammer le débat avec des appels à la haine simplistes.

Écrire, c’est donner à rêver, à entrevoir un avenir différent du capitalisme axé sur la peur qu’essaient de nous imposer les puissants. C‘est nourrir l’imagination pour aider à construire, par  l’éducation et le respect, un monde plus convivial.

 

Pommes de rue

PommesDeRues

 

Un tout petit événement dans un mer d’actualités.

Mon pommier sauvage n’est pas le seul être généreux de la planète à disparaître, sa vie tranchée. Mais, en souvenir de ses petits cadeaux imparfaits, ce petit poème en BD lui dit merci.

45 ans plus tôt, avant la construction de notre développement domiciliaire, une ferme occupait le territoire, avec des champs, un verger et un grand lac. Les pommiers sauvages étaient parsemé, ici et là, dans le parc entourant le lac et les rues du quartier.

(Pour les curieux, le découpage rond de la 4e case est le nez de mon mari, un soutien constant dans mes aventures graphiques et littéraires!)