Des réactions aux attentats de Bruxelles sur les médias sociaux qui de blâme en blâme s’enveniment et ne résolvent rien. Et quelle joie féroce quand certaines hypothèses renforcent nos préjugés!
Hélas, Facebook est un exutoire trop facile, et contrairement à ce qu’on peut « ventiler » dans notre salon avec des copains, l’auditoire est la planète entière. Ce qui nous démolit à petit feu.
Lors de ma rencontre en Orégon avec des écrivains pros, une directive importante (avec celles en cas de tremblement de terre et de tsunami) était « Don’t discuss politics! » Plusieurs de mes consœurs et confrères professionnels ont choisi de ne plus intervenir sur Internet dans les débats trop « à fleur de peau » (et en plus, aux USA, ils sont en élections!) car ils et elles y ont perdu trop d’amis.
J’aurais moi aussi beaucoup de réflexions à partager sur les origines du fléau du terrorisme, et sur le conditionnement mental qu’on appelle aujourd’hui « radicalisation ». Les prisons mentales poussent partout, même chez les jeunes éduqués ou riches (Patty Hearst, quelqu’un?)
Au début, ça ne prend qu’une petite graine de frustration, nourrie par l’engrais du préjugé. Avec le temps, la prison mentale produit ses fleurs du mal, des fruits de haine sucrée qui procurent un hit de jouissance mentale, un gonflage d’ego aux stéroïdes de la « bonne » cause.
Je pourrais aussi parler des empoisonneurs de sources médiatiques qui sèment à tout vent des graines de colère. Qui appellent à mots couverts au lynchage d’une communauté ou d’une ethnie simplement parce que des assassins obscurantistes y auraient été recrutés.
Je pourrais vous parler des fabricants d’armes lourdes qui font des affaires d’or, tant avec les États qui veulent se protéger qu’avec les groupes terroristes.
Je suis passée proche de ne pas mettre de nombre devant cette BD hebdomadaire sur les tables de dédicaces. Mais les enjeux concernent tous les auteurs. J’ai entendu les pires insultes cette semaine, et plusieurs de mes amis sur Facebook ont laissé leur réserve au vestiaire.
Nous, les créateurs et créatrices de BD, magiciens d’images, quelle que soit la taille de notre public, avons la responsabilité de ne pas enflammer le débat avec des appels à la haine simplistes.
Écrire, c’est donner à rêver, à entrevoir un avenir différent du capitalisme axé sur la peur qu’essaient de nous imposer les puissants. C‘est nourrir l’imagination pour aider à construire, par l’éducation et le respect, un monde plus convivial.
Bon jour,
J’aime votre article à cet appel à la mesure. Les médias en font trop et sur tous les domaines. Où est l’information ? Telle est la question.
Max-Louis
Dans un excellent ouvrage de science-fiction, Suprématie, par Laurent MacAllister, un savant expliquait la méthode pour déchirer la cohésion d’une population: une pléthore de sources de nouvelles non vérifiables, et des réseaux sociaux hyperactifs qui transmettent ces opinions en un éclair. Le passage exact m’échappe, je cite de mémoire.
Le problème c’est que je suis un humain lambda sans autre ressource que mon intelligence et celle-ci n’a pas vocation à déterminer, analyser et synthétiser des informations pour en ressortir un nectar de véracité si ce n’est de vérité.
Non, l’essentiel pour moi est de trouver des informations dont la valeur est objective.
Il est vrai aussi qu’il existe des ouvrages dont vous citez un auteur, mais d’autres plus anciens comme Canetti dans « masse et puissance », aborde les structures sociétales, et comportementale.
Max-Louis