Les prix Trillium sont administrés par Ontario Creates / Ontario Créatif. Cette fois-ci, c’est mon dernier roman de science fiction jeunesse chez David, Le secret de Paloma, qui s’est distingué!
La dernière fois, c’était en 2013 pour Mica, fille de Transyl, un roman de SF à saveur nocturne, publié par Vents d’Ouest. Feu mon éditeur, Michel Lavoie, invité à la cérémonie, avait voyagé depuis Gatineau. Il était tellement fier, même si le roman de science fiction est resté finaliste (tout comme en 2009 pour La quête de Chaaas, qui fut finaliste à d’autres prix littéraires).
Il y a eu auparavant des romans de SF remarquables présents aux Prix Trillium, comme Terre des Autres (Alire), par Sylvie Bérard.
Ça fait toujours plaisir de savoir que la constance de la jardinière, la persévérance est soulignée. L’art de raconter des histories s’améliore sans cesse quand on n’arrête pas d’écrire.
Grosse année de publications, avec une première BD publiée depuis plus de 10 ans, des nouvelles dans Asimov’s et Analog, et des recueils de nouvelles pas piquées des vers! J’ai passé aussi beaucoup de temps auprès de ma mère qui va mieux, donc un petit retard pour les nouvelles de la Savante folle!
Vous pouvez me mettre ne nomination pour les prix Auroras, vous avez jusqu’à demain minuit le 22 avril – Jour de la Terre – pour choisir vos oeuvres préférées.
Sinon, vous aurez de la lecture… Et faites une petite action pour le Jour de la Terre, comme ici cette manifestation pour protéger la ceinture verte de Toronto!
On a dans nos tête cette image d’un être solitaire qui gribouille sur des centaines de feuilles, dont plusieurs remplissent des paniers, avant d’envoyer une enveloppe à des maisons d’édition qui vont (ou non) les publier et les distribuer en librairie…
Les temps ont changé, les feuilles blanches ont muté en écrans tout aussi blancs, et les sirènes des médias sociaux amènent plusieurs d’entre nous à quitter leur solitude pour claironner leurs réalisations. Le proverbe qui disait que « la qualité parle d’elle-même » n’avait pas été pensé pour une ère où on voit 10 millions d’ouvrages en vente sur une seule plateforme. La qualité est là, mais enterrée sous des millions de mots-clefs semblables (et souvent mensongers, en passant).
Hélas, les algorithmes des médias sociaux forcent plusieurs écrivain-es autoédités à acheter de la publicité, juste pour que leurs contacts puissent les voir. Ce n’est pas un chemin que j’ai choisi pour une carrière à long terme.
Pour la découvrabilité !
Beaucoup d’écrivains indépendants recourent aux campagnes de financement à la source (crowdfunding) pour faire découvrir leur créations, et ce, bien avant le succès foudroyant d’un écrivain de fantasy (Brandon Sanderson, qui avait bâti depuis longtemps sa base de fans). Un aspect très pratique est que notre œuvre gagne de nouveaux adeptes, dans la catégorie publication/fiction. J’ai moi-même soutenu plusieurs campagnes, sur Ulule, Go Fund Me, IndieGogo, et Kickstarter bien sûr.
J’ai ainsi découvert de formidables auteurs et autrices dont je suis désormais la carrière, grâce à leurs campagnes.
Et maintenant c’est à mon tour !
Description du projet
Maîtresse des vents, présente un univers riche peuplé de personnages attachants. Suivez la jeune Adalou qui doit surmonter l’opposition de sa famille et de rivales adeptes de cerf-volant, mais aussi ses limites biologiques, pour conquérir sa place au soleil.
Cette bande dessinée vous déracinera du quotidien pour vous emporter dans une civilisation si originale que vous en dévorerez toutes les pages avant de l’offrir ! Les amateurs de SF vont savourer ce récit se déroulant dans une civilisation avancée de super-jardiniers!
Pour en savoir plus sur le roman graphique, voici des infos sur la version anglaise de Maîtresse des vent!
Age: tous âges Pages: 92 en tons de gris
Rendez-vous avec ma première campagne de financement!
Le Salon du livre de Toronto persiste et signe! Son thème est Lettre à la Terre, qui sera conjugué par des auteurs, poètes et slameurs. Sur l’affiche, j’ai ajouté un slogan pour souligner le 30e anniversaire du Salon.
Je n’oublierai pas la gentillesse de Christine Dumitriu-van-Saanen, géologue de formation, qui m’a trouvé à la dernière semaine une petite place dans la programmation du Salon, qui avait alors lieu au grand centre de congrès sur Front st. en 2004. C’était le tout premier pour moi.
Le Salon du livre de Toronto est collé sur celui de l’Outaouais sur le calendrier. Donc, peu de temps pour célébrer la joie de retrouver des ami-es auteurs que je n’avais pas vus depuis longtemps. Je suis dans les boîtes jusqu’au cou…
Où et quand?
QUAND: Vendredi 3 mars au dimanche 5 mars, .
OÙ: à l’Université de l’Ontario Français (UOF) au 9, Lower Jarvis, Toronto.
HEURES: de 9 h à 21h30 vendredi et samedi, et 9h30 à 16h le dimanche
La salle de présentation des livres ouvre dès 9h (9h30 dimanche), et vous pourrez m’y rencontrer. Maintenant que j’ai plus de 50 livres à mon active (en comptant les BD, les romans, les publications…), ça vaut la peine de trouver des lecteurs pour eux en les regroupant sur une table généreuse!
La Savante folle à la rescousse de la Ceinture Verte (La Greenbelt), cette bande de terre agricoles, de forêt naturelle, de rivières et de terres humides qui entoure la grande région de Toronto! Le gouvernement Ford veut laisser des promoteurs faire main basse sur des terres agricoles qui seront perdues sous les bungalows de l’étalement urbain.
La manifestation s’est déroulée au centre-ville de Toronto, ce qui a obligé la Savante folle à une heure et demie de transit depuis Mississauga. (Ce qui lui permit de s’émerveiller des changement, car le terminus d’autobus GO super-dangereux et pas facile d’accès a été déplacé dans un lieu plus sécuritaire, lié à la station Union.)
C’était la première manifestation de la Savante folle depuis des années, la dernière étant sous le gouvernement Harper pour protéger la Science et les Lacs Expérimentaux en 2012, et longtemps avant à Montréal, pour protéger Radio-Canada.
Nous étions environ 300 à piqueter devant l’hotel Sheraton sur Queen, où se tenait un réunion de politiciens municipaux de la région. Plusieurs de ces villes seraient négativement affectées par cette décision de serrer la ceinture verte. Les manifestants au-dessus et dessous m’ont donné la permission de partager leurs visages et leurs pancartes.
Et la solution au problème de manque de logement n’est pas un choix binaire entre couper des forêts ou laisser des gens sans logis. Car qui dit étalement urbain dit plus d’autoroutes pour s’y rendre, plus de développement de maisons unifamiliales reliées au réseau d’aqueduc, plus d’eaux usées, et des banlieues qui dévorent l’espace. Car qui dit que le ou la successeur-e de M. Ford ne va pas aussi gruger dans la même ceinture?
Ci-dessous, The Green Belt Giant, une caricature géniale de Graeme McKay mise en panneau.
L’étalement de banlieues n’est pas une solution viable à long terme. D’autres façons de vivre en harmonie avec le milieu naturel existent. Des expérimentations urbaines intègrent des habitations plus écologiques, où les gens vivent plus proches les uns des autres avec des services essentiels à distance de marche. Je réitère ici l’importance, capitale pour moi, de conserver nos ressources agricoles près de nous, plutôt que de devoir importer toute notre nourriture!
Et dans la ville même? D’immenses vides sont laissé par des usines déménagées et des centres d’achats abandonnés, que je vois quand je prends le train. Beaucoup de spéculateurs achètent des maisons qu’ils laissent vides pour des mois ou des années avant de les revendre. Beaucoup de maisons du centre-ville se détériorent.
Ci-dessus, deux maisons abandonnées depuis au moins un an, que j’ai photographiées, en plein centre-ville. Celle de droite est une catastrophe qui attend depuis X années le pic des démolisseurs. Celle de gauche est passable. Évidemment, la spéculation les a rendues hors de prix pour les Torontois moyens…
Michèle tenant le côté en français de sa pancarte.
Cette pancarte de mon cru, dessinée le matin même, a attiré les médias. Ce qui a permis à la Savante folle de donner deux entrevue-minutes à Radio-Canada! La gentille dame du réseau anglais de CBC a capté les explications (forcément courtes!) dans les deux langues, pour les collègues du réseau français. Ce qui a permis, je l’apprendrais plus tard, de diffuser mes quelques mots aux bulletins radiophoniques et télévisuels de Radio-Canada, à la grandeur du pays!
Bref, la manifestation s’est bien déroulée, plusieurs maires et conseillers municipaux ont pris la parole pour dénoncer le projet de loi 23 qui charcuterait un morceau de la Greenbelt, ainsi que Mike Schreiner, le seul élu du Parti vert de l’Ontario.
Enfin, après que tout le monde se soit dispersé, ce déplacement en ville m’a aussi permis de déposer mes BD de Mistress of the Winds à la Librairie The Beguiling, qui fait une belle place aux BD indépendantes. Merci donc!
Une aventure hivernale de Michèle l’écrivaine enthousiaste
Ce jeudi 12 janvier, MICHÈLE apprenait avec stupeur l’existence d’un prix de BD
a) dont elle ignorait tout,
b) auquel, joie, elle est é-li-gi-ble.
c) car il faut dire que ça faisait environ 12 ans qu’elle n’a pas sorti d’album de BD
Or, tiens, justement elle vient de sortir la version anglaise de Maîtresse des vents. Donc, le temps de réunir toutes les affaires, de refaire son CV de dessinatrice, de relire les catégories… et faire ses autres jobs, on est rendu jeudi soir. Et là, le site de formulaire se révolte : notre auteure tente en vain de loader ses fichiers PDF, sa bio ne passe pas!!
Re-fait l’opération, re-tente le formulaire, en plus avec le lien pour payer, aye-aye-aye!
Heureusement, elle contacte le gentil organisateur qui conseille de fermer et rouvrir le site. MICHÈLE applique le conseil, toujours rien, et un rien de panique commence à frémir au fond de son estomac. Enfin, elle décide de laisser faire Chrome et se se pitcher dans Edge (électroniquement parlant bien sûr).
Et là, enfin, enfin! Le formulaire charge, et notre autrice reçoit par courriel sa confirmation.
Ne reste qu’à envoyer les exemplaires physiques de la BD. Or, pour trois livres dans deux catégories, ça fait 6 livres, et c’est beaucoup pour sa petite maison d’édition. Heureusement, les organisateurs ont fait une fleur aux petits éditeurs en leur permettant un livre par catégorie, du moment qu’ils ont un fichier PDF à fournir. Et MICHÈLE, justement, en a un, sauf qu’un PDF de bande dessinée, c’est lourd en si-vous-plaît!
73 joyeux megs plus tard, MICHÈLE a emballé deux livres et pesé son paquet. Son Kanuk de 1985 su’le dos et sa tuque 99 sur la tête, elle part vers le bureau de poste, empruntant le véhicule aventureux (et parfois invisible dans un stationnement).
Une belle neige tombe et l’asphatte est une patinoire, mais rien n’arrête notre écrivaine au volant de sa Ford C Max hybride! Deux kilomètres plus loin, elle se stationne devant la Pharmacie qui abrite le bureau de poste.
Résistant à toutes les tentations chocolatées qui s’entassent sur les étagères de métal blanc à l’approche de la St-Valentin (laquelle sera dans un petit mois), MICHÈLE, paquet sous le bras, fonce au fond de la grosse pharmacie.
Je vous souhaite une année 2023 remplie de tout ce dont vous avez besoin, en se souvenant qu’avec la santé et un minimum de biens, on a tout ce qu’il faut pour trouver le bonheur.
Pour les artistes, beaucoup d’inspiration et de persévérance malgré les difficultés et les jugements négatifs.
Pour les gens qui vivent sous les bombes ou les menaces, je ne souhaite pas de courage car ils et elles en ont déjà, mais du cœur à l’ouvrage, et des coups de main du monde entier pour reconstruire la confiance!
Pour les femmes, le contrôle complet de leur corps et de leur reproduction. Le respect, la sécurité, la solidarité, la liberté de choisir sa vie et son milieu.
Pour la planète et tous ses habitants, puissions nous réapprendre la convivialité, et pratiquer un art de vivre qui s’éloigne du consumérisme, de l’obsolescence programmée, de l’étalement urbain, de la croissance à tout prix.
Compassion, créativité, empathie nourrissent les racines de la paix. Que les religions créent des liens entre les gens et non des barrières.
MICHÈLE est bien énervée ce soir, car elle a une tombée littéraire qui approche et son carrosse va se transformer en citrouille à minuit pile. Or, ses doigts s’emmêlent au clavier, elle avance, recule, efface, reprend sont texte, se rendant bien compte que son nombre de mots à la minute est en chute libre.
Qu’à cela ne tienne, il existe une solution : recourir à sa douce moitié.
MICHÈLE : Giiiilles!
GILLES (occupé à détruire un royaume ennemi qui explose en mille couleurs sur l’écran incurvé de son ordi) : mmmh?
MICHÈLE : Il faut que je finisse cette nouvelle ce soir, pis je bloque! Ça s’passe à l’époque Romaine, t’aurais pas la musique de Gladiator par hasard?
GILLES sauve sa game et manipule avec habileté et doigté l’application qui gère nos systèmes de son. Il a un abonnement à un célèbre serveur de zizique (Spotify pour ne pas le nommer) qui ne nous a pas fait faux-bond depuis des lustres.
Bientôt, les premiers accords d’orchestre du célèbre film de 2000 flottent comme une bannière marquée SPQR dans le vent chaud du sud de l’Italie. Inspirée, MICHÈLE se remet à l’ouvrage, non sans imaginer le sculpturesque Russell Crowe dans le rôle titre.
Bref, elle écrit, écrit à la vitesse d’un écrivain « pulp » des années 40… Lesquels, les pôvres, tapaient sur une machine à écrire même pas électrique, même pas de correcteur blanc, snif.
L’intrigue déploie ses ailes d’aigle romain par-dessus le paysage, la musique passe aux scènes d’arène de sable clair et les Ave Cesear, morituri te salutant, et les muscles bien huilés qui brillent au soleil… Les dangers s’accumulent pour son personnage, les péripéties déboulent comme la grosse roche sphérique de la caverne piégée dand le premier Indiana Jones.
Bref, MICHÈLE est en feu!
MICHÈLE : yessss!
D’un coup, les buccins impériaux de l’arène romaine où son héros se bat à coups de glaive s’effacent sous une rafale de notes de synthétiseur!
Des basses tonitruantes font trembler les fondations de la petite maison dans la banlieue où vit notre vaine écrivaine qui s’aperçoit que son gladiateur a quitté l’arène pour se ramasser ben strappé aux commandes d’un F-18 qui file à mach 2 dans un ciel céruléen (hein que c’est beau le vocabulaire!) En plus, son casque a morphé pis il ressemble étrangement à Tom Cruise…
MICHÈLE (qui tape frénétiquement control Z, control Z…): Gilles! T’as mis la musique de de Top Gun !
MICHÈLE : Kessé qui arrive à mon ambiance de Rome antique?
GILLES (qui vient de descendre avec son système de speaker portatif et son téléphone qui contrôle tout, tout, tout, à distance): Ah, c’est Hans Zimmer, le compositeur, il a fait les musiques des deux films.
Et GILLES de zigonner sur son téléphone mince comme une carte de crédit.
Subitement, une musique de pirate transforme le F-18 en Blue Pearl et son gladiateur-pilote en pirate abondamment barbu avec plein de colifichets qui pendent de cette masse capillaire.
MICHÈLE : Groogne!
GILLES (air innocent) : Ah ouiii, tiens, tu sais que Hans Zimmer a aussi composé la musique de Pirates des Caraïbes et de plus de cent autres films?
MICHÈLE sent la moutarde lui monter au nez. Elle lance un regard glaçant au mari qui regrette soudain d’avoir fini le pot de 2 L de Coaticook Special Edition au sirop d’érable voici dix minutes.
GILLES (qui sent la Coaticook Special Edition se retourner dans son estomac): vouiii, vi, je vais t’arranger ça ma tite-Michèle-en-chocolat-smouick!
Et reviennent les buccins et les tambours, et l’arène full sable trop blanc pour être du vrai. C’est pas parce que MICHÈLE écrit de la science fiction qu’elle ne peut pas se vautrer dans le drame historique de temps à autre.
MICHÈLE se dépêche de terminer sa nouvelle avant la tombée en se disant mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus. Enfin, elle met le point (poing?) final à ce texte, révise son orthograF, et sauve son document.
L’Internet a vraiment simplifié le processus de soumission, se dit-elle en pesant sur SEND.
MICHÈLE (levant les bras en l’air, triomphante dans l’arène de l’écriture): Technologie salvatrice!
MICHÈLE (se lève, s’étire, cric, crac, et se dirige vers la cuisine): Bon, je vais enfin pouvoir me récompenser avec une généreuse portion de Coaticook Special Edition au sirop d’érable que je conservais au congélateur pour cette occasion…
GILLES (très bas) : oupse.
GILLES se déguise en courant d’air et se précipite au dépanneur en espérant qu’il reste encore des pots du Special Edition…
Dans tout salon du livre, il y a toujours 10-12 auteurs incontournables et 2000 autres, ahem…. contournés!
Si vous voyez un-e auteur-e seul-e à sa table, prenez le temps de leur parler un peu! Même si vous n’achetez pas son livre vous pouvez diriger un-e ami-e vers sa table. (Et, de grâce, ne lui souhaitez pas « bonne chance » en fuyant!)
Venez me faire un petit coucou jeudi, samedi et dimanche, alors que je signerai mon dernier roman « Le secret de Paloma« au kiosque du REFC – 805
Cette BD est un hommage à mon père, Jacques Laframboise, qui nous a malheureusement quitté le 8 novembre 2014, au petit matin. Papa m’a toujours encouragée dans ce que je faisais, et a soutenu mes sœurs dans leurs projets. Hélas, il ne verra pas le résultat de ses bienveillants efforts.
Cette 103e page des Grandeurs et misères de la table de dédicaces lui est dédiée, avec gratitude.
Œuvrer au fond d’un trou
C’est un secret mal gardé dans le monde des artistes et des écrivains que certains récoltent la gloire dès leur première oeuvre et accèdent au statut d’incontournable, tandis que d’autres, ben… Je me souviens encore de la foule de journalistes qui s’est retirée quand mon tour était venu de parler en public, juste après une adolescente de 14 ans qui avait commis son premier roman. Oui, j’avais éprouvé une sensation de vide en dedans.
Je ne souhaite à personne de travailler sans reconnaissance. Comme m’avait dit un jour Jim Corcoran: « je suis dans le relève depuis 30 ans ». J’envie toujours les auteurs comme Michel Rabagliati qui a eu une audience large et immédiate du premier coup. Incontournable. Pianissimo, mon meilleur album de BD à l’époque, était passé dans le beurre.
Je travaille au fond d’un trou médiatique depuis plus de trente ans.* Auteure invisible et contournée. Pas d’invitation à participer à des collectifs de BD. Refus multiples. Pas d’articles dans la presse, même quand je suis finaliste au prix du GG et au prix Trillium (j’ai eu une entrevue comme finaliste, mais seule celle du récipiendaire a été publiée). Il faut dire que la science fiction était encore mal acceptée voici dix ans. Aujourd’hui la SF est mieux acceptée, mais ce sont les nouveaux auteurs qui en bénéficient.
Pour une grande partie de ces années, j’avais le soutien indéfectible de mes parents. Mon père savait trouver les bons mots pour m’aider à redevenir sereine, et à persévérer.
Une ou deux rares fois, un événement me ramenait au niveau du sol, puis je replonge. Ce n’est pas la gloire qui me manque, mais la joie de pouvoir partager mes histoires avec un grand nombre de personnes.
Le désavantage de l’artiste qui vieillit…
Puis, j’ai perdu mon père et grand fan. J’avais un peu honte de n’avoir pas fait de brillante carrière en ingénierie comme lui, mais finalement, je me suis rendue compte qu’il m’a toujours considérée comme égale en science.
Là, ça s’est dépeuplé autour de moi, et ma bonne maman, qui m’a aussi encouragée, lit moins qu’avant à cause du grand âge. Il reste mes sœurs et les plus jeunes dans la famille élargie, et mon mari et fan numéro un. Mes grands-parents? Je les ai eus très longtemps, une grande chance, mais eux aussi se sont envolés, et ne verront pas le fruit de leurs encouragements.
Presque tous mes profs du secondaire ne sont plus parmi nous. J’ai perdu un grand ami, prof de géographie et fan, l’an dernier, à 94 ans.
Ça vous dit l’âge de mon corps, ce que certains collègues me rappellent, soit par des commentaires sur mon apparence, soit par omission, comme dans cette circonstance. Ça vous dit que mon indice de « décolleté » baisse avec le temps. Je sais qu’aucun éditeur européen ne m’engagerait à mon âge pour dessiner une série à succès. Et même si j’étais cute, je m’en méfierais, avec toutes les occurrences de harcèlement des auteures de BD.
Mais qui récolte un brin de sérénité
Depuis que j’ai lancé ma propre maison d’édition, je ne suis plus à la remorque d’éditeurs de BD. Développer et contrôler toutes les étapes d’un projet me libère, même si mes livres surnagent dans un mer de publications.
Mais désormais, je suis contente pour les collègues qui obtiennent leur portion de couverture médiatique et récoltent la gloire dans la vingtaine, la trentaine… parce que ceux et celles qui ont toujours cru en leurs capacités, les professeurs, les parents et grands-parents, sont encore là pour partager leur fierté!
On cherche tous et toutes, depuis quelque temps, de l’air frais et de la nature… Mais justement, comme on veut tous aller s’épivarder dans la nature, ça soulève des problèmes. Je garde un bon souvenir d’une cabane au fond des bois louée par le biais de Air-BnB voici quelques années, parce que la propriétaire était très sympathique. Et les habitants autour qui rendaient nos vacances intéressantes.
AirBnB s’invite à la campagne…
Je recommande ce balado : https://www.ledevoir.com/balados/765569/balado-le-dilemme-des-petites-municipalites-face-au-phenomene-airbnb qui montre que ça va très loin. L’invasion des RBnB dans les petits villages ruraux bouleverse la vie des résidents. Non seulement on observe la pression sur les ressources, l’eau disponible pour le raccordement de centaines de nouveaux chalets, l’électricité, les nouvelles rues, la destruction des habitats, mais aussi le tissu social s’effrite.
Car comment des villégiateurs à court terme pourraient nouer des liens avec des résidents qui se sentent déracinés malgré eux?
Et derrière, les choix, les promoteurs sans visages qui vendent maintenant des chalets à prix d’ord avec système de location clef en main. Et l’accès à un petit lac tranquille par plus de 150 familles ou occupants éphémères de chalets ne laissera pas ce lac tranquille longtemps. Et le gonflement de taxes foncières représente une tentation irrésistible pour une municipalité. Qui résiste au mouvement des locations à court terme?
Résister : St-Adolphe d’Howard impose un zonage sévère et des amendes aux propriétaires qui louent à court terme. Les hôtels traditionnels, les B&B aussi en souffrent des locations de type rBnB…
…et en ville!
Une mini-maison à Meldrum Bay, Ile Manitoulin (réplique de l’auberge de Meldrum Bay, à côté, qui a récemment fermé ses portes).
AirBnB est parti d’une bonne idée, deux étudiants qui ont logé des voyageurs chez eux et leur servaient le déjeuner. Mais l’application sympa est depuis devenue une entité gargantuesque qui influence les gouvernement pour ne pas payer d’impôts sur leurs profits, pour déréglementer leurs activités… un bel exemple de capitalisme sauvage: accumuler les profits de millions de petites transactions, sans rien rendre. Évasion fiscale. Seuls les dirigeants au sommet de la pyramide pourront jouir de la belle vue.
En ville, dans certains quartiers, les voisins peuvent dire quelles maisons dans leur rue sont des rBnB : car il n’y avait de lumières de Noël allumées. Et tant de touristes qui passent bousculent la vie de quartier. Quand d’une semaine à l’autre, vous ignorez qui reste dans la maison d’à côté.
Et je ne parle pas de la sécurité tout court, du bruit quand les occupants à court terme décident de faire la fête. Souvent, en voyage, les gens se permettent des débordements qu’ils ne feraient pas chez eux. Les hôtels traditionnels limitent ces débordements.
À lors que les loyers grimpent et les spéculateurs gardent des maisons vides pour créer une rareté (400 000 maisons vides en Ontario, un chiffre estimé.) Le gouvernement de l’Ontario a récemment institué une taxe de 25% de la valeur d’une maison pour des acheteurs « non résidents » comme des corporations. Cette taxe devrait être annuelle, car des spéculateurs peuvent se permettre de laisser les propriétés en friche…
Et des municipalités veulent limiter à 14 jours la durée de location d’une résidence principale. En France, le gouvernement de plusieurs villes ont imposé une limite de 120 jours par an pour louer sa résidence vide. Par contre, on peut encore louer une chambre de notre maison (si on l’occupe) 365 jours par an. Et il n’y a pas de nombre de jours maximum de location Airbnb pour les résidences secondaires.
Ça me rend très, très contente d’avoir loué dans un motel lors de nos dernières vacances. Car le phénomène AirBnB a nuit aux établissements, certains se tirent encore d’affaire avec un service exceptionnel.
Court et moyen terme
La location à court terme répond à une demande de la part des voyageurs, mais la solution passe par une planification à moyen et long terme pour préserver le milieu naturel et le bon voisinage. Car ce sont les gens de la place qui rendent un endroit attirant, pas seulement les vieilles pierres ou les berges d’un beau lac.
Ici, le Lac Huron, vu d’une plage publique de Providence Bay, sur l’Ile Manitoulin.
« I’ll Be Moon for Christmas », une nouvelle de science fiction dure-à-croquer-mais-avec-du-cœur, vient de sortir dans le ASIMOV’s des fêtes, le numéro de novembre-décembre. C’est ma 4e nouvelle dans ce magazine de science-fiction, et oui ça donne envie de fredonner la mélodie de cette impérissable chanson.
Ne cherchez pas mon nom sur la couverture, mais je suis bel et bien dedans! En compagnie d’auteurs comme K.K. Rusch et Ray Nadler, dont j’ai pu apprécier les histoires dans d’autres numéros!